Les Cloisons d\'Argent

Les Cloisons d\'Argent

3) extraneus

J'en reviens à l'assiduité de l'écriture. Presque

comme au temps de l'Entre-Deux.

 

Toutes nos étrangetés sont là. Si présentes en fait, qu'elles floutent le paysage. Le problème nouveau de la chronologie vient de là. Nos étrangetés amincissent et grandissent les distances qui nous séparent, elles déforment l'écoulement du temps, l'ordre sensé de nos actes.

 

Le problème nouveau de la parole entre nous, aussi. D'où qu'il n'y ait pas d'autoportrait valable aujourd'hui. D'où que je ne te retrouve plus nulle part.

 

J'en oublie un peu qui je cherche au quotidien. C'est le lent endormissement du manque, l'abrutissement dans la chaleur de l'été, dans l'absurdité à laquelle on s'habitue, c'est comme tout. Je ne me laisse plus quitter la distraction.

Et parfois, s'abattent brutalement ces réminiscences d'un âge d'or où j'avais pu t'avoir trouvée, éclaircies, éclaires-scies. Sous le soleil d'une autre année, au temps de mes démons et de mes fantastiques, le temps formidable de l'Océana et de l'Achab, celui des amazones de l'Ile.

 

Voilà où l'écriture revient, d'où elle repart. Et la boucle est bouclée. Je reviens nettement à deux ans d'ici, et si je rouvre le carnet d'alors à la date d'aujourd'hui je peux lire: "Je ne peux pas écrire."

 

Ce n'est plus comme essayer de te dire encore. C'est comme jeter des bouteilles à l'eau, je crois. Sais-tu, durant des années j'ai vaguement cru que la rivière qui passe sous la fenêtre de cette chambre d'enfant se jetait dans l'Ill. J'ai suivi l'Ill très loin, ça aurait eu un sens, j'aurais eu une rivière-racine. Mais c'est une petite rivière qui retourne à la terre, une rivière souterraine au cours presque totalement invisible en vérité. Sauf ici.



08/06/2013
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