Les Cloisons d\'Argent

Les Cloisons d\'Argent

4) constance

 

De cela je ne parle plus déjà. Seulement au dehors, parfois, j'en dis quelque chose, presque rien, juste pour dire encore contre le silence, le silence... Pour le principe, je bavarde un peu. Pour ne pas admettre trop vite mon renoncement, ce doit être, je veux le croire, une manière de me garder très jeune en dedans. Un soir d'ivresse, donc, j'énonce quelques vérités contraires à mon amie. Elle sait qu'il n'y a plus rien à dire enfin, elle devine pour moi-même que c'est terminé et elle m'attend. Je traine des pieds et je gribouille des histoires d'Ouroboros sur mes murs.

 

En dedans, si le vide n'est pas encore serein, la place du moins, est faite.

 

De toutes mes existences, celle-ci est ma favorite. Lorsque je m'en habille, elle est seule à me peindre toute entière. Ce serait celle tout à la fin des choses.

Elle ne m'arrive pas, comme celle de Funambule ou celle d'Amazone, d'un bloc, elle se fond en moi dans la durée, je la perçois diffuse et douce, jusqu'à ce qu'une autre la chasse brutalement. Elle est ma seule constance.

 

Elle est: -au petit matin, quand Philippine, après sa nuit de félin sauvage, vient reposer sa tête et sa patte fatiguées sur mon genoux, les yeux mi-clos.

             -sur la grève bretonne, le soir au ciel balayé par le faisceau du phare.

             -dans les longues marches.

             -dans l'été de l'enfance, presque clos maintenant.

             -parfois, dans mon écriture toute entière.

 

 



13/06/2013
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